Contre les AVC, agissons !
Mis à jour le 06/12/2021
Le Docteur Christian POUGEL, médecin conseil à la MSA Sud Aquitaine, a répondu à nos questions.
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L'AVC, c'est quoi ? Quels signes ? Quel réflexe ?
- Les traitements et la récupération
- Les causes de l'AVC et les mesures de prévention
- Les points les plus importants à retenir
L'AVC, c'est quoi ? Quels signes ? Quel réflexe ?
Qu'est-ce que l'AVC ?
L'AVC est une perturbation brutale de la circulation sanguine du cerveau :
- soit par blocage : un caillot s'est formé et bouche une artère. Les cellules du cerveau correspondant à l'irrigation de l'artère bouchée meurent. On parle d'infarctus cérébral, au même titre qu'il y a des infarctus du myocarde.
- soit le vaisseau se rompt, c'est une hémorragie cérébrale, par exemple une rupture d'anévrysme.
La grande majorité des AVC, environ 8 fois sur 10, sont dus à un déficit circulatoire par un caillot ou une embolie. On les appelle accidents ischémiques.
L'AVC est une pathologie fréquente et grave. Il s'agit d'un problème majeur de santé publique.
Quelques chiffres à retenir. L'AVC, c'est :
- 150 000 nouveaux cas par an sur le territoire français, soit un toutes les 3-4 minutes, et 1 toutes les heures en Aquitaine
- 500 000 personnes qui présentent des séquelles d'AVC, et qui vivent avec ces séquelles en France
- la 1ère cause de handicap acquis de l'adulte, et la 2ème cause de démence, après la maladie d'Alzheimer.
Quels sont les signes de l'AVC ?
L'AVC survient comme un coup de tonnerre dans un ciel serein ; il y a rarement des signes prémonitoires. Les signes d'alerte les plus fréquents sont :
- la paralysie qui ne touche souvent que la moitié du corps, par exemple un bras mort, une jambe qui ne répond plus, une main qui devient brutalement malhabile, ou au niveau du visage, une déformation de la bouche.
- des troubles de la sensibilité : un engourdissement, des picotements, également d'une moitié du corps
- des troubles du langage : difficultés à trouver les mots, ou bien on dit un mot à la place d'un autre ; difficultés à articuler ses mots, à tel point que l'entourage ne comprend plus le patient. Il peut y avoir des troubles de la compréhension. Le patient ne comprend pas les consignes même simples qu'on lui donne.
- des troubles de la vision. Cela peut être un déficit brutal de la vision d'un seul œil : le patient voit un voile noir, ou présente un déficit dans un champ visuel, soit d'un côté, soit de l'autre. La vision peut également être dédoublée.
- des vertiges, soit rotatoires où le malade a l'impression d'être dans un carrousel, soit plus fréquemment une sensation d'ébriété, d'être comme sur un bateau.
- et plus rarement, il faut s'inquiéter de maux de tête, apparus brutalement, persistants, très violents, car ils peuvent signer une hémorragie cérébrale.
La particularité de ces troubles dans l'AVC est qu'ils apparaissent quasi toujours brutalement, en quelques secondes ou d'une minute à l'autre.
Que faut-il faire dans ces cas ? Quel est le réflexe à avoir ?
C'est une urgence absolue, comme pour l'infarctus du myocarde. Le mot d'ordre en cas d'AVC, c'est agir très rapidement, car chaque instant gagné est salutaire pour le patient. Il faut noter l'heure de constatation des troubles, sans hésiter appeler immédiatement le 15 et s'allonger en attendant le SAMU. Le traitement sera d'autant plus efficace qu'il est instauré précocement. Chaque minute est importante : il faut gagner au maximum du temps entre le début des symptômes et le traitement, qui visera à réduire la mortalité, et également le degré de handicap. Lorsqu'on peut appliquer précocement le traitement principal, qui est la thrombolyse dans les accidents ischémiques, on augmente les chances pour les patients de récupérer une autonomie complète.
Donc, dans le cadre des symptômes dont on a parlé, l'idée est d'appeler le 15 pour déclencher immédiatement une alerte ?
Oui, il faut immédiatement appeler. Le régulateur du SAMU va organiser le transfert avec le centre qui gère les urgences neuro-vasculaires, c'est-à-dire avec l'unité neurologique d'un hôpital.
Appeler immédiatement le 15 va ainsi permettre d'évaluer rapidement la situation, de transporter le plus rapidement possible le patient par l'intermédiaire du SAMU, parfois par hélicoptère pour gagner du temps.
Le temps est compté :
- à la fois pour le cerveau (car à chaque minute perdue, ce sont des cellules perdues),
- à la fois pour la mise en place du traitement appelé thrombolyse, qui est lié à des règles très strictes en termes de temps, et qui vise à dissoudre le caillot qui s'est formé.
Les traitements et la récupération